L’alimentation du furet

L’alimentation du furet

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Présents dans les foyers en tant que Nouvel Animal de Compagnie, les furets sont des carnivores domestiques. En tant que tel il est donc normal que le blog leur consacre une rubrique.

 

Histoire

Le furet est un mustélidé que l’on trouve uniquement à l’état domestique. Il est né de la domestication du putois pour chasser les petits rongeurs. Il est de la même famille que l’hermine, la belette et le vison. Sa date d’apparition reste floue, mais on en trouve des traces dans le monde grec , mentionné par Strabon dans son ouvrage La Geographica aux alentours de l’an 20 A.D (après J.C).

 

Dentition

Le furet adulte possède 34 dents : 16 à la mâchoire supérieure et 18 à la mâchoire inférieure
– 12 incisives
– 4 canines
– 12 pré carnassières
– 6 carnassières

 

Image : Brett Colley

 

Le système digestif

Le furet a un système digestif court (similaire à son cousin sauvage le putois), plus court que celui du chat. Il est lui aussi un carnivore strict et j’irai même jusqu’à dire encore plus strict que le chat puisqu’il est dépourvu de cæcum, un organe qui permet de digérer les fibres végétales.

L’œsophage du furet est tapissé de kératine et permet de laisser passer sans encombre les os des proies

Le transit est rapide (3 à 4 h chez un adulte), ce qui ne laisse pas le temps aux bactéries et parasites de s’installer. Cependant, son estomac qui a la capacité de se dilater en fonction de la taille de son bol alimentaire (et lui permet donc d’ingurgiter un gros repas en seule prise), peut être colonisé par une bactérie responsable de gastrite : Helicobaster mustelae dont le pendant humain est Helicobacter pylori.

L’intestin grêle comprend le duodénum, le jéjunum et l’iléon. Ces deux dernières parties ne sont pas différenciées et sont donc appelées le Jéjuno-iléon. C’est une particularité du tractus gastro-intestinal du furet. L’intestin grêle est la partie la plus importante des intestins et peut mesurer de 182 cm à 198 cm. Le gros intestin, constitué du colon et du rectum, ne mesure que 10 cm.

Schéma des viscères abdominaux d’un furet en vue ventrale (réalisé d’après Evans et al. 1998). Thèse vétérinaire 2014 Julie Le Cain

 

 

 

La digestion

Les amylases aident à la digestion de l’amidon et des autres glucides et sont fabriquées par le pancréas. Une alimentation riche en amidon et autres glucides, comme les croquettes ou la ration ménagère, va peser de façon excessive sur les niveaux d’insuline qui vont mettre le pancréas à contribution de façon intensive. C’est pour cela que l’on dit que les céréales et l’amidon « fatiguent » l’organisme du furet (Source).
De plus, ce même pancréas ne sécrète pas de cellulase pour diviser la cellulose en molécules de glucose.

 

L’alimentation

Pour répondre aux besoins métaboliques et énergétiques du furet, vingt-deux acides aminés différents sont nécessaires, Cependant, le furet ne peut en synthétiser que onze en interne. Il doit donc compter sur son alimentation pour obtenir les dix autres qu’on appelle acides aminés essentiels : Arginine, Histidine, Isoleucine, Leucine, Lysine, Méthionine, Phénylalanine, Thréonine, Tryptophane, Valine et Taurine. C’est un de plus que pour les chiens, car le furet comme le chat possède également une autre particularité : celle de ne pas fabriquer la taurine. Non seulement il ne fabrique pas la taurine, mais il l’élimine en déféquant. Les acides biliaires dans le foie utilisent la taurine pour former des sels biliaires dont le rôle est d’aider à l’absorption des lipides. Une fois arrivée dans l’intestin, cet apport de taurine subit une dégradation par des bactéries et est éliminée dans les selles.

La taurine n’est pas un acide aminé au sens biochimique du terme. C’est un acide dit sulfonique. On la retrouve en grande concentration dans les zones électriquement excitables des mammifères : cervelle, rétine, myocarde, mais surtout dans les tissus de la plupart des poissons, oiseaux et rongeurs et en quantité moins importantes chez les gros herbivores.
Elle intervient
– Dans le métabolisme des acides biliaires
– Dans le maintien des fonctions de la rétine et du myocarde
– Dans le système nerveux
– Dans l’appareil reproducteur
– Dans le système immunitaire
– Dans la protection des vaisseaux sanguins
– Dans le développement du fœtus.
– Elle agit aussi comme antioxydant

 

À la différence des chiens qui sont « opportunistes » et qui peuvent manger quelques baies et végétaux, les furets sont des carnivores stricts, c’est-à-dire qu’ils ne tirent les bénéfices nutritionnels que de la viande, os et abats des animaux qu’ils ont chassés. Ainsi leur organisme ne leur permet pas d’assimiler les végétaux et céréales. Il nous incombe donc de leur fournir les proies (ou les reconstituer) qui feront partie de leur régime quotidien.

Il est donc nécessaire d’apporter à votre furet une nourriture adaptée, contenant les acides gras et acides aminés essentiels qu’il ne peut pas synthétiser.

Les sources de protéines viables avec un support à large spectre d’acides aminés incluent le bœuf, le poulet, les œufs, le poisson, l’agneau, la dinde, le canard, le veau, le mouton et la chèvre et d’autres encore. Vous vous attacherez donc à donner au minimum

  • 3 à 5 sources de viande rouge ou assimilées :  teneur en sodium et potassium modérée, faible en calcium, riche en fer grâce à sa teneur en myoglobine, en zinc, en vitamines B6 et B12 et de manière générale, plus riche en vitamines hydrosolubles
  • 2 à 3 sources de viande blanche ou assimilées riche en vitamine B3 (niacine), et en potassium.
  • 3 foies provenant d’animaux différents : sources de vitamine A
  • 3 abats autres (rognons, rate, pancréas, cervelle, testicules, thymus)
  • 3 poissons entiers ou en filets : sources d’acides gras essentiels dont le DHA.
  • des proies entières dont la fourrure, le duvet ou les plumes aideront le transit et l’élimination des boules de poils.

De plus il est important de donner vos viandes, abats, poissons et os charnus crus. D’une part les os cuits sont dangereux, la cuisson altère la structure de l’os la rendant friable. Mais la cuisson dénature également les protéines, les appauvrit et les rendent moins efficaces et disponibles pour l’organisme de votre animal. Comme vous pourrez le lire sur l’article “Le mélange cru – croquettes : une mauvaise idée“, le système digestif de votre furet est à son plein potentiel lorsqu’il ingère des viandes crues.
Les os charnus (os entourés de viande) sont obligatoires car c’est sa principale source de calcium.

 

Les os 

Tout d’abord il est important de préciser que tous les os ne se donnent pas. Bien sûr on ne donne jamais d’os cuits, mais on en donne pas non plus d’os nu c’est à dire sans suffisamment de chair autour. Pour autant on ne donne jamais d’os porteurs de gros mammifère tel les tibias, fémurs, rotules, omoplates et autres os à moelle à cause de leur dangerosité et du fait qu’ils soient disproportionné par rapport à la taille de votre furet. Ce type de gros os peuvent occasionner des fractures des dents, des esquilles et parfois mener à l’occlusion. Vous trouverez un article sur ce sujet ici.

Les os doivent être charnus, c’est à dire entourés de viande et votre chat doit pouvoir le croquer et le manger dans leur totalité. Par exemple un coffre de lapin, un morceau de caille ou pour les furets plus aguerris des ailes de volaille. Une liste des os charnus conseillés est disponible ici.

Ils sont obligatoires car c’est la principale source de calcium mais aussi de phosphore. Outre leurs apports nutritionnels, les os charnus ont de nombreux intérêts et bienfaits. Le fait de croquer favorise la production d’hormones telle l’endorphine et la dopamine bénéfiques à “l’humeur”, cela apaise les douleurs du changement de dents chez les furetons, cela a une action mécanique sur les dents et les gencives et donc sur l’apparition du tartre et ces effets délétères sur la santé buccale, cela permet la production importante de salive facilitant le passage du bol alimentaire le long de l’œsophage mais aussi joue un rôle dans l’effet des sucs gastriques lors de la digestion.

Voilà pourquoi il est important de donner des os charnus entiers adaptés à votre animal. C’est aussi une des raisons pour lesquelles nous ne recommandons pas les os broyés sauf lors de cas particuliers : pathologies, absence de dents. Il est important de rappeler que les appareils ménagers domestiques ne sont pas conçus pour broyer les os et peuvent donc laisser des éclats d’os plus ou moins gros favorisant des irritations ou aggravant des maladies existantes telles les gastrites.

 

Le régime primaire et le Prey Model

Dans leur milieu naturel, les carnivores sauvages qui se nourrissent de proies sauvages ont un régime idéal que l’on peut appeler le régime primaire. Composée de proies (exclusivement viandes “rouges”) qui ont accès au régime qui leur est destiné et donc nutritionnellement complet, les carnivores ont donc l’équilibre idéal en macronutriments ( protéines, graisses et glucides) et le contenu en micronutriments (vitamines, sels minéraux, oligoéléments) n’est pas altéré.
La proie sauvage est plus haute en protéines et moins riche en graisse (environ 50 % de moins) que les animaux d’élevage et l’équilibre entre acides gras insaturés, saturés et polyinsaturés est également différent des animaux d’élevage. Et parmi les animaux d’élevage, l’équilibre en acides gras essentiels est également déterminé par les méthodes d’élevage.
Les poils et plumes ont également un rôle important dans le régime primordial.

  • Les plumes apportent du manganèse et des fibres et protègent les intestins des os pointus.
  • La peau, fourrure et plumes contiennent aussi de la kératine qui est une protéine structurelle qui protège les cellules épithéliales qui tapissent les organes et vaisseaux sanguins.

Je vous invite donc à varier le plus possible les sources de protéines et à privilégier les viandes issues d’animaux nourris de façon naturelle en plein air dont le rapport omégas 3 / omégas 6 sera mieux équilibré.

Dans la mesure où peu de raw feeders ont accès à des proies sauvages nous nous efforcerons donc de les reconstituer. Vous apporterez ainsi à votre furet tous les apports nutritionnels nécessaires à sa bonne santé. Nous sommes bien conscients que dans leur milieu naturel les belettes, visons et putois n’iraient pas s’attaquer à des gros mammifères tels les ovins, bovins, cervidés ou autres gros marsupiaux dont nous donnons pourtant la viande. Mais encore une fois n’oublions pas que les viandes que nous avons à notre disposition ne sont pas sauvages, surtout les rongeurs d’élevage. Ne nous voilons pas la face, lorsque des rats et souris sont entassés dans des racks d’élevage, nourris aux granulés et n’ayant que la lumière artificielle des néons, on se doute bien que les apports nutritionnels différent de ceux du mulot qui parcourt les champs pour se nourrir.
Et si vous ne saviez pas comment se passe un élevage dans une ferme de rongeurs voici quelques photos éloquentes

 

Un élevage en Lorraine

 

 

Pour résumer les besoins de votre animal la gamelle sera composée :
– De 30 % d’os charnus adaptés à votre furet (ces pourcentages peuvent varier en fonction de l’aspect des selles)
– De 60 % de viandes blanches et rouges (ces pourcentages peuvent varier en fonction de l’aspect des selles)
– De 5 % de foie
– De 5 % d’un autre abat
– De poissons entiers ou en filet (à déduire de la ration)
– De proies entières (rongeurs et petits volatiles) pour faciliter le transit
– De panse verte (facultative)
– D’œufs (facultatifs)

Vous vous attacherez à varier les sources d’abats, de poissons, de viandes et d’os charnus. N’oubliez pas que la variété est la clé d’une alimentation équilibrée

Les furets digérant très vite, il est conseillé de les nourrir en plusieurs petits repas :
– 5 à 6 repas « à volonté » pour les furetons
– 2 à 3 repas pour les adultes
– 3 à 5 petits repas pour les séniors (au-delà de 4 ans).
Mais attention, les furets ont l’habitude de cacher leur nourriture pour en faire des réserves, surtout lorsque la nourriture est trop abondante. Il vous suffira alors de réduire la quantité jusqu’à trouver l’équilibre qui convient à votre animal.

Vous avez maintenant les clés pour que votre furet reçoive une alimentation adaptée à ses besoins de carnivore domestique. Ainsi vous préserverez son organisme et augmenterez son espérance et sa qualité de vie.

 

Mise en garde : Le Prey Model est la méthode qui est abordé sur ce blog. Elle vous explique comment composer la gamelle de votre animal avec des morceaux de viandes, des os charnus, des abats et du poisson. Les produits tout prêts et broyés en barquette ou en boudin, ne sont donc absolument pas conseillés.

 

 

 

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